L’Intelligence Artificielle, vers où nous mène-t-elle ?

L’intelligence artificielle (IA) est un sujet houleux pour nos sociétés modernes. Nombreux sont ceux glorifiant les effets bénéfiques que l’IA aura sur notre vie, tandis que d’autres, comme E. Musk et S. Hawking, restent sceptiques et préfèrent mettre précautions avant engouement.

Cette nouvelle technologie a bel et bien la capacité de révolutionner à jamais le mode de vie de l’Homo Sapiens. Son impact sera ressenti au niveau personnel et professionnel, à tel point que certains disent qu’une fois atteinte, une super-intelligence artificielle (ASI) sera la dernière invention de l’Homme.

Il existe de nombreux types d’Intelligences Artificielles, dont l’ASI. Pour comprendre où nous en sommes et vers où nous allons, il faut comprendre ce qui différencie fondamentalement ces différentes IA.

 

De l’ANI à l’ASI

 

Dans le camp de ceux optimistes par l’avènement de l’Intelligence Artificielle, nous y trouvons son chef de file: Ray Kurzweil. Il est le genre d’homme qui voit grand et très loin. Il décrit l’ASI comme un génie aidant l’humanité dans son éradication de la pauvreté, des famines, de notre dépendance aux énergies fossiles, et même notre propre mortalité.

On peut imaginer ce futuriste comme un savant fou, causant de l’immortalité prochaine de l’Homme tout en s’administrant un cocktail de vitamines par intraveineuse. Mais la plupart de ses prédictions se sont révélées vraies. Bill Gates le considère comme “l’homme le plus à même de correctement prédire le futur de l’Intelligence Artificielle”.

 

Ray Kurzweil explique l’entière histoire humaine comme une croissance exponentielle du savoir. Son terme “Law of Accelerating Returns” décrit cette croissance de l’expertise humaine, similaire à celle décrite par la Loi de Moore pour les transistors. Kurzweil proclame dans cette nouvelle loi que les avancées humaines ne sont pas linéaires. De fait, les progrès faits au cours du 21ème seront l’équivalent de 1000 fois ceux faits au 20ème siècle.

Nous sommes aujourd’hui dans l’ère des Intelligences Artificielles Faibles (ANI), qui se spécialisent dans un unique domaine. Elles peuvent s’appeler AlphaGo et battre le champion mondial de Go en 2016 (un exploit que beaucoup imaginaient irréalisable pour encore plusieurs décennies) ou Siri qui est l’assistante personnelle de 500 millions d’utilisateurs. Bien qu’extrêmement impressionnantes, ces IA restent un balbutiement de ce qui nous attend.

Nous atteindrons, selon Kurzweil, un point de non-retour en 2045, qu’il appelle “point de singularité technologique”. C’est le moment où la capacité de calcul d’un ordinateur sera équivalent à celui d’un cerveau humain. Nous aurons face à nous une Intelligence Artificielle Générale (AGI) qui sera aussi intelligente que l’Homme, tous domaines confondus. Cette AGI sera capable de raisonner, planifier, résoudre des problèmes complexes, réfléchir de manière abstraite, apprendre rapidement et surtout apprendre de ses expériences.

Au-delà de ce point, le progrès ne serait plus l’œuvre que d’intelligences artificielles, qui s’auto-amélioreraient, de nouvelles générations de plus en plus intelligentes apparaissant de plus en plus rapidement, créant une “explosion d’intelligence” créant finalement une puissante super-intelligence (ASI) qui dépasserait qualitativement de loin l’intelligence humaine. Par ailleurs, la th”orie dicte que le passage d’une AGI à une ASI pourrait se faire en l’espace de quelques heures.

 

La création d’une ASI semble lointaine, voir impossible. Pourtant, il est intéressant de se représenter l’écosystème toujours plus large et complexe des programmes ANI comme les acides aminés préparant silencieusement la venue de la Vie dans le limon primordial de la terre.

 

La qualité disruptive de l’IA dans le monde du travail

 

Une chose est sûre, les effets qu’auront de véritables Intelligences Artificielles sur le monde professionnel seront à même de changer le paradigme social actuel. A sa naissance, un homme est doté de deux caractéristiques: sa force physique et son esprit. C’est ce qu’il vendra tout au long de sa vie pour être employé.

Par la révolution industrielle et l’automatisation croissante des tâches manuelles, l’Homme a moins besoin de sa force physique. Ne reste alors plus qu’une seule caractéristique à vendre pour l’Homme, son esprit. Cette première révolution s’est suivie d’une explosion de métiers cognitifs: ingénieurs, scientifiques, managers, ouvriers spécialisés, etc. Ces métiers semblent protégés de la montée en puissance du numérique. En effet, un programme ne peut pas encore être créatif, empathique ou suffisamment habile pour remplacer les humains dans ces métiers.

Que se passera-t-il alors lorsqu’une IA aura développé une expertise telle qu’elle pourra se substituer à l’Homme dans n’importe quelle tâche ?

 

Les prémices d’importantes substitutions d’Intelligences Artificielles à l’Homme seront visibles par 5 signaux:

  • La baisse continue de la part de la population employée.
  • Le déclin de nouveaux emplois proposés sur le marché.
  • Une baisse du salaire des classes moyennes, causée par une compétition entre travailleurs pour un nombre réduit d’emplois disponibles.
  • Une augmentation des fonds propres ainsi qu’une réduction des investissements par les entreprises, causée par une stagnation de la consommation
  • Enfin, si aucune action régulatrice n’est entreprise, la baisse de la part du revenu national allant aux travailleurs ainsi qu’une hausse de celle allant au capital est inévitable.

 

Ces effets ne sont pas encore apparus, car les Intelligences Artificielles ne sont encore qu’au stade d’ANI. Mais il est simple de voir dans quel sens le vent souffle. Par exemple, le chiffre d’affaires combiné en 2016 d’Apple, Alphabet (Google) et Facebook était équivalent à celui des trois plus grosses entreprises automobiles à Détroit en 1956. Sauf que les entreprises californiennes ont dix fois moins d’employés travaillant pour elles. A ce rythme, nous pouvons aisément déterminer que les entreprises intégrant des IA dans leurs fonctionnements seront celles générant le plus de chiffre d’affaire.

Lentement, le programme développe les mêmes traits que l’Homme et saura l’égaliser au niveau cognitif. La tentation deviendra alors trop forte pour les entreprises voulant réduire leurs dépendances aux masses salariales. Qu’aurons nous, êtres humains, à proposer pour être estimé employable ?

Tandis que l’économie globale commence à s’ouvrir à l’idée d’une adoption globale des Intelligences Artificielles comme moyen d’augmenter leurs productivités, nous verrons augmenter la demande d’employés dotés de compétences nécessaires au travail avec cette nouvelle technologie.

Développer ces talents sera donc crucial pour la force salariale souhaitant rester pertinente dans ce nouveau monde.

 

Conclusion

 

Nous vivons encore l’enfance des Intelligences Artificielles, mais il est bon de s’imaginer le futur et notre place dedans. Car au-delà des implications que les AGI et ASI auront sur la sphère professionnelle, c’est un débat éthique qui s’ouvre à nous.

Nous avons longtemps fondé notre supériorité sur notre intelligence et notre ingéniosité comparées au restant du règne animal. Cela nous a longtemps excusé les abus portés à notre planète et ses occupants, ainsi que permis l’obtention d’un statut légal.

Quelle devra alors être notre attitude face à ces nouvelles entités intelligentes ? Devrons nous les considérer comme nous considérons les animaux ? Ou devrions nous, au regard de leurs sensibilités au monde et leurs capacités à agir,  leur accorder un statut légal ?

Bien que le futur puisse paraître compliqué avec cette nouvelle technologie, je pense personnellement qu’elle sera la plus grande invention de l’Homme à venir (même si elle a le potentiel de tous nous tuer…). Et j’ai hâte de voir ce qui se passera !

 

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